Une petite flamme brille dans le Castillet. Tout au long de l’année, elle vacille. Elle laisse traîner une lueur, rai de lumière et d’espoir dans la pénombre de cette ancienne bastille. Cette flamme, toute symbolique, est la flamme de la Saint Jean.
Le 23 juin, veille de fête, elle retrouve la liberté et s’évade légère vers le Canigou, la montagne sacrée des Catalans.
Là-haut, au sommet, des fagots amenés par tout le peuple des villes et des villages l’attendent pour transmettre la bonne nouvelle. L’été est enfin arrivé ! D’un seul coup, le toit de la Catalogne toute entière s’illumine. La petite lueur s’est mue en un énorme brasier d’où s’extraient des centaines de flammèches. Petit à petit, un long chapelet de lucioles se met à dévaler le Canigou pour se disperser comme autant d’étoiles du berger à travers la Catalogne jusqu’en Provence.
On assiste alors à une grande chaîne de solidarité dans tout le pays catalan. Chaque porteur de la flamme ne se dispense d’aucun effort pour faire parvenir le feu sacré dans sa ville proche ou dans son très lointain village. Des relais sont organisés sur le trajet pour hâter l’arrivée du présage tant désiré.
A Perpignan, la flamme descendue du Canigou arrive en fin d‘après-midi.
En début de soirée, plusieurs lieux du cœur de la cité, comme la place Gambetta, la place de la Victoire et les quais de la Basse, accueillent des manifestations diverses (chansons catalanes, danses traditionnelles, animations musicales) qui mobilisent un très large public.
Plus tard, s’ébranle le cortège de la flamme. Etendards, fanions, torches se dressent dans la nuit et empruntent le quai Sadi Carnot pour rejoindre le pont Magenta, face au Castillet.
Là, après leurs prises de parole, le Maire de Perpignan et le représentant du Comité international des feux de la Saint jean embrasent le bûcher de la Saint Jean.
Les montagnards récupèrent alors la flamme et escaladent la façade du Castillet pour atteindre la terrasse puis le landerneau où ils embrasent une petite vasque, leur périple étant accompagné par une coble interprétant Les Segadors et l’hymne de la Senyera.
Au petit matin, après la fête, les plus courageux s’en vont cueillir les herbes de la Saint Jean.
Le 24 juin, toute la journée, s’effectue la distribution traditionnelle du ramellet Sant Joanenc, petit bouquet d’herbes confectionné avec l’immortelle, l’orpin, le noyer et le millepertuis.
La légende dit que parés de ces quatre herbes érigées en croix, les maisons et les biens seront protégés de possibles avatars tout au long de l’année à venir.